le padré
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Sujet: Dead Set : en savoir plus Ven 7 Nov - 15:52 |
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Et voilà la Grande-Bretagne nous refait le coup de la fin, la Grande Fin, celle après laquelle il n’y a rien, la Fin du Monde, la Fin de l’Espoir, la Fin de l’Homme. Diffusée aux environs d’Halloween en Angleterre sur la chaine E4, la mini-série (5 épisodes) Dead Set marque les esprits par le ton, le thème et le traitement qu’elle impose aux spectateurs. Car le long des quelques heures que durent le programme c’est nous la victime de Dead Set, nous et nos certitudes, nos peurs, nos angoisses, nos tripes.
Big Brother ain’t watching us.
L’histoire. La Fin est là, la mort est morte, les défunts se lèvent et marchent, quand il n’y a plus de place en Enfer, les morts reviennent sur Terre, Barbara I’m coming for you, etc. Tous les codes du film de zombies sont là. On suit le parcours de quelques jeunes gens enfermés dans le loft anglais, Big Brother, de l’équipe de production du programme, alors que l’Enfer s’abat sur eux, neuf cercles en direct, micro ouvert. Les morts veulent leur chair et il n’y a plus nulle part où aller que ce petit monde artificiel.
De la Nuit des Morts Vivants à 28 jours plus tard (oui je sais c’est un film d’inféctés mais bon), de Dawn of The Dead à Tom Savini, de Walking Dead à Shaun of the Dead, Charlie Brooker, créateur de la série, a tout vu du genre, tout digéré, tout vomi. Il a aussi tout compris à la télévision de maintenant. Contrairement à Georges Romero et son calamiteux Diary of The Dead, Brooker connait la télévision contemporaine. Scénariste depuis une dizaine d’années à la TV britannique, il a parfaitement intégré la nouvelle donne sociologique du médium. La soif de célébrité des participants à la télé-réalité, la télévision qui n’est que voyeurisme plus ou moins déguisé, les moyens de productions et les petits mains qui font ce genre de programme auto-référentiel, Charlie Brooker utilise tous ces ressorts pour étayer son propos, mais ne perd jamais de vue sa mission : foutre une trouille bleue. Pari tenu. Car la série fait peur, réellement. Non pas avec des artifices vus et revus dans les dernières productions hollywoodiennes, mais bien avec le langage propre de la télévision. Jamais une série n’aura été aussi loin dans le gore, dans la violence, l’absence d’espoir. La happy end n’est qu’un vieux souvenir, la fraternité vole en éclat quand il faut sauver sa peau. C’est celui qui a la flingue qui a le pouvoir, et non l’inverse.
L’intrusion de l’élément horrifique, renvoie à la réalité les protagonistes du jeu de télé-réalité. Quand le sang jaillit au sein de leur studio-loft, ils croient tout d’abord à un coup de la production, un effet pour les tester, pour relancer la machine ludique, déréalisée. Tout comme nous, ils ne peuvent comprendre que leur petit monde est en train de s’écrouler. Loin de faire dans l’allégorie stérile et démonstrative, la série utilise les ressorts propre à la narration télé-réaliste pour nous plonger dans l’horreur totale. L’impact visuel et émotif du sang et des tripes en est ainsi décuplé par effet de miroir.
La série n’est pas un pensum un peu vain sur la télé-réalité, loin de là. La rythme est haletant, nous sommes trimballés, bousculés, caméra sur épaule et montage sec, montagne russe de gore et d’éviscération, pas le temps de réfléchir où c’est la mort. Comme les héros, nous sommes entrainés dans un tourbillon de violence sans fin, de giclées de sang et d’instinct de survie.
Références, en même temps qu’instruments narratifs, Dead Set recycle les symboles de sa propre chaine, E4, celle là même qui diffuse la série. Ainsi Big Brother, son décor, sa machineries sont ceux de la réalité, sa présentatrice vedette, Davina McCall y tient son propre rôle, les logos, les personnages (plusieurs anciens candidats du jeu jouent les zombies), tout ancre la série dans la réalité, réalité qui est elle même mise à mal, démonté, recyclée, re-réalisé par la télé-réalité. Jeu de miroir, mise en abîme et étripage à tous les étages. |
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